La maison des plus petits est née de la prise de conscience d’une infirmière confrontée en pouponnière médicalisée à la souffrance d’enfants handicapés, privés d’affection parfois dès la naissance.
Le besoin
Le recensement de la population susceptible d’être accueillie à La maison des plus petits est particulièrement difficile du fait du manque de statistiques au niveau national.
Le rapport sénatorial DINI-MEUNIER de juin 2014 relevait néanmoins que :
« Outre la montée des situations de précarité, voire de pauvreté, les services de l’ASE (aide sociale à l’enfance) sont davantage confrontés qu’auparavant à des enfants “à grosses difficultés” (handicaps, troubles psychiques ou psychiatriques, violences), dont la prise en charge s’avère plus complexe. »
Le Défenseur des enfants estime que “le taux d’enfants pris en charge en protection de l’enfance et bénéficiant d’une reconnaissance de la MDPH s’établirait à environ 17 %.”
Ce taux est particulièrement élevé en regard d’un taux de prévalence du handicap s’établissant de 2 % à 4 % pour la population générale. Il est, par conséquent, environ 7 fois supérieur. Sur cette base, il est possible d’affirmer que ce sont près de 70 000 enfants qui seraient concernés, sur les 308 000 enfants faisant l’objet d’une mesure d’aide sociale à l’enfance (données de la DRESS, juin 2015).
État des lieux
Les structures existantes
Actuellement, il existe différentes structures sociales, médico-sociales ou sanitaires susceptibles d’accueillir la population ciblée notamment les établissements de santé (services de soins de suite), les pouponnières médicalisées, les crèches, les instituts médico-éducatifs (IME) et les instituts d’éducation motrice (IEM).
Néanmoins, pour une prise en charge adaptée à des enfants de 0 à 6 ans ayant des problèmes de santé, ces structures présentent des limites évidentes :
- Les structures sanitaires coûtent chères et les durées de séjour sont limitées, ce qui pose la question du suivi en aval de l’hospitalisation ;
- Les crèches, IEM ou IME ne proposent pas d’accueil le soir, la nuit, le week-end ou lors de certaines périodes de congés ;
- Les structures médico-sociales sont souvent situées à distance des agglomérations et donc des parents ;
- Malgré leur agrément, ces structures sont réticentes à accueillir des tout petits ; elles ne disposent pas toujours des professionnels compétents, ni d’un matériel adapté et sont confrontées à la difficulté de gérer des enfants d’âges très différents ;
- Les assistants familiaux sont peu formés et difficiles à recruter.
Au total, le nombre de structures demeure limité avec des délais d’attente très élevés, d’environ 2 à 3 ans en région parisienne par exemple.
La nécessité d’un environnement familial
Disposer d’un environnement familial apparaît essentiel pour accompagner des enfants ayant une pathologie et qui, au regard de la situation sociale de la famille, ne peuvent rentrer au domicile.
Le principe de base de la théorie de l’attachement est qu’un jeune enfant a besoin, pour connaître un développement social et émotionnel normal, de construire une relation d’attachement avec au moins une personne qui prend soin de lui de façon cohérente et continue (le « caregiver » en anglais).
Cette théorie a été formalisée par le psychiatre John Bowlby après les travaux de Winnicott, Lorenz et Harlow. Par ailleurs, quatre types d’attachement différents ont été décrits par Mary Ainsworth (1978) montrant ainsi que la qualité du lien avec le « caregiver » était essentielle à long terme pour le développement psychobiologique et émotionnel de l’enfant.
Dans ce sens, l’enfant s’attache en tout premier lieu à ses parents mais peut également s’attacher, si besoin, à un substitut tel qu’un assistant familial, un éducateur. Un tout-petit a besoin de repères pour grandir et se sentir sécurisé.
Cela est d’autant plus vrai pour un enfant fragile qui a déjà besoin de beaucoup de ressources pour compenser son handicap.
L’enfant a des besoins multiples : sécurité, portage, relation individuelle, continuité des soins, repères… Au final, le besoin de relation prime sur les besoins physiologiques.